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Dans une conjoncture financière difficile, l’intervention des entreprises en faveur des grandes causes de notre époque devient cruciale. La responsabilité sociétale ou sociale des entreprises (RSE) permet donc aux entreprises de créer un lien fort avec la société lorsqu’il s’agit de faire face aux enjeux sociaux, environnementaux et économiques.

Les entreprises ont certes toutes pour objectif d’être économiquement viables et de dégager des bénéfices. Mais, depuis plusieurs décennies, elles veillent aussi à avoir un impact positif sur la société à travers diverses initiatives. L’ensemble de ces pratiques sont regroupées sous la dénomination RSE, un acronyme désignant la « responsabilité sociétale (ou sociale) des entreprises ». Pour la Commission européenne, qui définissait la notion dans une publication datée de 2011, la RSE « signifie non seulement satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables, mais aussi aller au-delà et investir davantage dans le capital humain, l’environnement et les relations avec les parties prenantes ». La RSE va donc au-delà du seul respect d’impératifs réglementaires pour proposer une démarche volontaire.

Mais quelles sont ces « parties prenantes » ? Le terme renvoie en réalité aux clients, salariés, fournisseurs et autres actionnaires, mais aussi aux acteurs qui observent les actions de l’entreprise (ONG, syndicats, etc.) ou encore à ceux qu’elle influence, comme la société civile, la collectivité. Dans ce contexte, l’entreprise engagée dans une démarche RSE assume sa « responsabilité » et va mesurer son influence sur son environnement au travers d’actions d’audit, de reporting etc., mais aussi par la mise en place de dispositifs permettant de prévenir un impact négatif ou – lorsque celui-ci est inévitable - de le réparer. 

Naturellement, et même si la RSE doit être une démarche volontaire, ces différentes mesures peuvent se co-construire avec les acteurs auxquels elles s’adressent.

Un concept né aux États-Unis

La volonté, pour les entreprises, d’en faire plus vis-à-vis de la société n’est pas neuve. Dès les années 1950, l’idée prend forme dans l’esprit de certains managers américains qui estiment que se concentrer sur le bien-être de ses employés, de ses partenaires et de la société peut, sur le long terme, être bénéfique pour les entreprises. L’économiste Howard Bowen théorise cette idée dans un ouvrage daté de 1953 et intitulé Social Responsabilities of the Businessman. En 1961, The Responsible Corporation, écrit par l’homme d’affaires et philosophe George Goyder, poursuit la réflexion en tentant de faire rimer efficacité de l’entreprise avec justice sociale.

Les préoccupations sociales, économiques et environnementales qui émergeront dans la deuxième partie du XXe siècle ne feront que renforcer l’urgence de développer, au sein même des entreprises, des politiques qui vont au-delà de la seule recherche de profit pour viser le bien-être du plus grand nombre. L’Ecole de Montréal, née en 2000 autour des travaux des membres de la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable de l’Université du Québec (UQAM), a permis de renouveler les théories sur le sujet, en tenant compte des évolutions de la société. Travaillant de manière empirique, ses membres ont réalisé des études sur le comportement des dirigeants et des comptables en entreprise, sur le commerce équitable, ainsi que sur les nouvelles formes de régulation qui se développent dans le milieu professionnel.

Une prise de conscience collective

Le développement de la notion de RSE a toujours été nourri par l’émergence de crises globales. Ce fut le cas dans les années 70 avec la découverte des importants problèmes environnementaux résultant de l’activité humaine, déclenchant une prise de conscience accrue des consommateurs. La crise bancaire et financière de 2008 a, elle aussi, eu un impact sur le développement des politiques RSE au sein des entreprises. En effet, les finances des Etats étant sévèrement touchées, les priorités en matière d’investissement public ont dû être revues avec, pour conséquence, des politiques sociales moins bien dotées. En outre, l’investisseur privé, également touché par la crise financière, dispose aujourd’hui de moyens plus limités pour les différentes causes qu’il soutenait auparavant.

Pour une entreprise d’aujourd’hui, développer une politique RSE cohérente est donc devenu un devoir. C’est d’autant plus vrai que les générations qui se sont succédé au cours des dernières décennies semblent de plus en plus sensibles à l’investissement social ou philanthropique. Une étude menée en France par le cabinet Denjean & Associés en collaboration avec GoudLink et publiée en février 2018, a objectivé cette impression. Sur les 1000 Français interrogés, 90 % ont déclaré apprécier davantage les entreprises qui ont une politique RSE de qualité. 88 % ont estimé qu’une bonne politique RSE améliore leur perception de l’entreprise. Et 82 % ont affirmé que leur perception serait ternie s’ils apprenaient qu’une marque dont ils sont clients a une mauvaise politique RSE.

Entretemps, la légitimité de la RSE a été établie grâce aux normes internationales d’un côté – ISO 26000, ISO 14001, ISO 9001, ISO 50001 – ainsi que grâce à la directive européenne 2014/95/UE, de l’autre côté.

La question du sens

L’émergence de la RSE pose la question du sens de nos actions. Qu’il s’agisse des collaborateurs d’une entreprise ou de ses clients, la question du pourquoi est désormais incontournable. Ainsi, la génération Y (née en 1980 et 2000) n’a pas les mêmes attentes que ses aînés. Ses critères d’évaluation d’un poste situe l’impact positif que leur travail aura dans le monde, juste après le salaire, la stabilité et l’autonomie. Selon une étude PwC, 86 % de ces jeunes adultes seraient mêmes prêts à quitter leur emploi si la RSE de leur entreprise ne comblait pas leurs attentes.

Dans le même temps, les consommateurs n’achètent plus seulement un produit, mais pourquoi et comment une marque le commercialise. L’impact carbone d’un voyage ou de la production de tel ou tel objet, la traçabilité des ingrédients dans l’alimentation ou les règles éthiques dans la vente de services sont des thématiques qui orientent les décisions d’achats.

La question de la raison d’être est au cœur de la RSE, si bien que l’on peut affirmer que cette démarche aura atteint ses objectifs lorsque les départements qui lui sont dédiés dans les organisations auront disparu, signe de l’intégration profonde du sens de la responsabilité sociétale et environnementale dans toute la chaîne de production.

Les différents visages de la RSE

Aujourd’hui, la responsabilité sociétale des entreprises se décline de manières très variables. On peut toutefois les rassembler autour de trois axes principaux.

1. L’environnement 

L’environnement est l’un des premiers éléments à avoir été intégré aux démarches de RSE. Ce n’est pas étonnant, sachant que la crise environnementale - dont le grand public a commencé à réaliser l’ampleur dans les années 70 - a elle-même nourri le développement du concept de responsabilité sociale de l’entreprise. Les phénomènes de réchauffement climatique, de destruction de la biodiversité etc. s’étant poursuivis jusqu’à ce jour, il est donc essentiel pour les entreprises de tenir compte de leur impact et de limiter le risque environnemental, p.ex. par l’amélioration de leurs processus de production, la mise en place d’une politique de gestion des déchets ou de mobilité « propre », parmi tant d’autres mesures.
L’une des grandes tendances de ces dernières années a été lancée par l’initiative « Sciences based targets » qui permet aux entreprises de savoir comment limiter leurs rejets de CO2 au seuil défini par l’Accord de Paris. L’objectif est de « passer à l’acte » sur base de connaissances scientifiques pointues, plutôt que de se contenter de déclarations d’intention ou de démarches aux résultats modestes. Exemple : l’économie d’eau en entreprise, notamment grâce à l’installation de compteurs intelligents.

2. Les enjeux sociaux

La responsabilité sociale des entreprises, comme son nom l’indique, doit aussi pouvoir répondre à des enjeux sociaux, notamment l’égalité des chances, le respect de la diversité, la sécurité sur le lieu de travail, le respect du droit du travail, la gouvernance ou encore la formation professionnelle continue. Des efforts grandissants sont déployés pour garantir le respect de l’égalité hommes-femmes, qu’il s’agisse de l’égalité des salaires ou de l’accès des femmes aux instances dirigeantes.
La transparence est également réclamée à haute voix par le grand public : transparence de gouvernance, le consommateur demandant à avoir affaire à des dirigeants visibles, avec lesquels ils peuvent réellement entrer en relation. Transparence également dans la supply chain d’une entreprise, pour en connaître tous les maillons, du fournisseur jusqu’à la production.
La santé est un autre thème fort de la RSE. L’entreprise doit non seulement garantir les meilleures conditions de travail, mais aussi proposer des produits qui ne mettent pas en danger la santé des consommateurs. Exemple : la présence de pesticides, perturbateurs endocriniens ou autres, activement traqués par le consommateur et donc à bannir par les entreprises responsables.

3. L’économie

Le troisième pilier de la responsabilité sociale de l’entreprise est l’économie. Il a été démontré depuis longtemps que s’agit là d’un véritable levier de performance, un moyen d’améliorer son efficacité économique et financière, par la réduction des coûts, l’innovation, le recours aux fournisseurs locaux etc.
Comme pour les autres piliers, le but est de rendre l’activité durable, à long terme. On notera ici la prégnance particulière de l’économie circulaire, un modèle qui bannit la notion de déchets et encourage le recyclage maximal des ressources.
La responsabilité sociale d’une entreprise ne se limite donc plus à son seul périmètre, mais s’étend à ses fournisseurs et à toutes ses parties prenantes.  Ainsi, les moyens humains et économiques investis dans une démarche RSE permettent de réaliser un réel retour sur investissement au travers de la génération de bénéfices.

La RSE dans le domaine financier

Les institutions financières quant à elles, ne sont pas étrangères aux pratiques de RSE. Dans le domaine de la gestion d’actifs, on compte un certain nombre de critères qui garantissent un investissement durable et responsable, regroupés sous l’acronyme ESG (Environnemental, Social and Gouvernance). Comme leur nom l’indique, ces critères permettent d’investir dans des valeurs attentives aux aspects environnementaux (changement climatique, utilisation intelligente des ressources, gestion des déchets, pollution), sociaux (conditions de travail, relations entre employés et direction, implication dans la communauté), et de gouvernance (rémunération, diversité du conseil d’administration, structure organisationnelle, stratégie fiscale).

À travers ces critères, la responsabilité sociétale des entreprises, si elle prend de l’ampleur dans tous les secteurs d’activité, a des implications très concrètes dans le domaine de la finance : en Europe, les fonds ESG représentent en effet entre 48 % et 58 %1 des actifs gérés par des professionnels, et 26 % à 30 % au niveau mondial (chiffres : avril 2017). Autre chiffre : les actifs gérés investis dans la thématique ESG ont augmenté de 37 % en 2017 pour atteindre 445 mia USD au niveau mondial2. Le succès s’explique par le fait que ces fonds d’investissement garantissent une certaine sécurité à l’investisseur. Mais, au-delà, ils permettent aussi, comme toute démarche responsable, de contribuer au développement d’une société plus durable et plus juste.

1 http://paperjam.lu/questions/les-fonds-esg-ont-vocation-a-devenir-la-norme 2 Bloomberg (05/2018) 3 http://pwc.blogs.com/press_room/2008/12/managing-tomorrows-people-global-survey-reveals-what-the-millennial-generation-want-from-work.html

Pour aller plus loin