Luxembourg
14, boulevard Royal – L-2449 Luxembourg
 
Lundi au vendredi
8h30 à 17h00
 
Wallonie - Bruxelles
Chaussée de La Hulpe, 120 – 1000 Bruxelles
FLANDRE
Kortrijksesteenweg 218 – 9830 Sint-Martens-Latem
 
Lundi au vendredi
8h30 à 16h30
Média

Comment l’IA s’intègre-t-elle dans les métiers bancaires ?

Depuis que l’Intelligence Artificielle a fait son apparition, elle est rentrée dans les usages bancaires. Comment la Banque de Luxembourg adapte-t-elle l’IA dans ses process ? Quel rôle l’IA joue-t-elle dans l’expérience client ? Découvrez le regard porté par Stéphane Bouvy, responsable Finance à la Banque de Luxembourg, sur les enjeux liés au déploiement de ces solutions.

Quelle est l’utilisation de l’IA à la Banque de Luxembourg?

« Depuis 2018, nous avons créé un département centré sur l'utilisation des données. Cela nous permet de travailler sur toute la chaîne de valeur de l'exploitation des données, du descriptif au cognitif. L'IA représente ainsi une façon supplémentaire d'exploiter les données.

Notre positionnement est d'utiliser l'IA, de manière raisonnée, là où elle a le plus de sens dans nos activités de banquier privé, et toujours dans un cadre éthique qui protège l'intégrité de nos données. L’IA n’a pas vocation à se substituer à l'intelligence humaine, mais elle intervient au contraire pour la compléter et la renforcer.

Actuellement, notre équipe de data scientists travaille sur plusieurs cas d'utilisation, ce qui nous permet de proposer constamment de nouvelles fonctionnalités et de faire évoluer notre approche au fil du temps.

Nous soutenons également deux doctorants, l'un à l'Université du Luxembourg et l'autre à l'Université de Maastricht. A la Banque de Luxembourg, notre vision est de privilégier l’amélioration constante dans nos processus et de contribuer à cette dynamique d’écosystème évolutif à Luxembourg et particulièrement dans le système financier. »

Quels sont les cas d’usages de l’IA ?

« Il s'agit essentiellement de soutenir nos processus commerciaux et notre conformité en matière d’AML. En général, ces cas d'utilisation s’inscrivent dans une approche visant à faciliter le travail de nos employés.

Tout en restant l’interlocuteur privilégié du client et en s’appuyant sur la relation de confiance inscrite dans le temps, le banquier privé peut être soutenu par l’aide de l’IA, selon les cas de figure et besoins clients. Cet usage raisonné et encadré permet notamment à les décharger de tâches répétitives et chronophages afin qu’ils puissent se consacrer sur la valeur intrinsèque de leur mission.

Nous disposons également d'un modèle de détection des fraudes sur les virements qui a démontré à plusieurs reprises la pertinence de ces technologies. Cela nous permet de protéger nos clients et de faciliter le travail de nos collaborateurs. Cette approche est donc vertueuse à double niveau. » 

Que prévoit la loi européenne sur l'IA ?

« L'objectif de cette réglementation est de garantir de meilleures conditions de développement et d'utilisation de cette technologie et d’apporter davantage de transparence et protection. Ce cadre solide vise à trouver un équilibre entre la promotion de l'innovation et la garantie d'un développement responsable de l'IA. Pour ce faire, le texte s'appuie sur une approche fondée sur les risques, catégorisant les systèmes d'IA selon différents niveaux de risque.

Cette volonté du régulateur d'encadrer les pratiques et d'éviter ainsi les dérives est une bonne chose. Il faut rappeler que cette réglementation s'applique à tous les domaines d'activité et ne vise pas uniquement le secteur financier.

Le potentiel de cette technologie reste impressionnant et il nous semble important de guider les différents acteurs dans le sens de la protection des consommateurs.

Dans cette optique, nous avons entrepris une revue de nos modèles existants afin de les catégoriser en fonction de la réglementation et de préparer sa mise en œuvre. Notre approche raisonnée et ciblée dans l’adoption de ces technologies nous met dans de bonnes prédispositions pour accueillir cette nouvelle réglementation sans pour autant nous prémunir d’effort supplémentaire. »

Quel avenir pour l’IA ?

« ll n’est pas aisé de se projeter et d’estimer le potentiel et l’impact de l’IA dans l’industrie financière. Mais l’intelligence artificielle est une opportunité et une aide formidable dans le développement des activités.

Alors que certains « prophètes» de la donnée prédisent déjà que l'IA pourrait même remplacer des membres des conseils d'administration d'ici 2030, nous pensons que l'intelligence humaine continuera à jouer un rôle incontournable dans le processus de prise de décision et de manière générale. L'IA sera un outil d’aide dans le quotidien professionnel, à différents niveaux et dans des cas d’usage définis, mais nous resterons et devrons rester les décideurs ultimes. Il est important qu'il n'y ait pas d'IA sans intelligence humaine. Et c'est d'autant plus vrai dans le domaine de la banque privée, où la relation avec le client est primordiale et précieuse et où la confiance est le pivot de la relation.

Mais il est clair que ces technologies vont profondément changer la façon dont nous travaillons dans le secteur. Nous disposons d’un outil supplémentaire, à nous de l'utiliser de manière responsable et éthique. »

Article également paru sur le site de Delano.lu le 18/08/2023

Stéphane Bouvy
Responsable Finance