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Philanthropie : le rendement de la générosité
Les banquiers privés sont aussi appelés à s’intéresser à la façon dont leurs clients envisagent de dépenser leur patrimoine. Les investissements philanthropiques ne sont pas pris à la légère: ils sont mûrement réfléchis et ont souvent un objectif de rendement social. Découvrez le parti pris de Philippe Depoorter dans cet article du quotiden belge l'Echo/DeTijd consacré à la philanthropie.
"La philanthropie doit être intelligente. L’époque où l’on faisait un don en espérant que son argent soit investi dans quelque chose de bien fait partie du passé. Chaque euro doit garantir un rendement maximum comme le reste du patrimoine. Même s’il ne s’agit pas d’un retour sur investissement financier mais social", explique Tine Bourgeois responsable Business Development Philanthropy chez BNP Paribas Fortis.
Y a-t-il convergence entre banque privée et philanthropie? Dans tous les cas, les banquiers privés sont à la disposition de leurs clients pour les conseiller s'ils souhaitent faire quelque chose de bien avec leur argent. L’intérêt pour la philanthropie ne cesse d’augmenter, non seulement au près des personnes âgées sans héritiers, mais aussi par exemple parmi les quadragénaires qui ont vendu leur entreprise. "Dans ce cas, la philanthropie fait partie de nos offres de services standards et une majorité des clients y réfléchit, souligne Tine Bourgeois. Cela n’aboutit cependant pas toujours à un projet concret car certains préfèrent faire des dons plus librement ou s’associer au projet d’un ami."
Philippe Depoorter, Membre du comité de direction de la Banque de Luxembourg et Responsable de la philanthropie constate le même phénomène. Mais il relativise : « Il ne faut pas exagérer. Le pourcentage de clients qui investissent des sommes importantes dans des projets philanthropiques durant plusieurs années d’affilée est finalement très limité."
Les clients fortunés qui choisissent de verser chaque année des dons à quelques associations ou organisations n’ont pas vraiment besoin de l’avis de leur banquier. En revanche, ceux qui souhaitent franchir le pas pour avoir un impact plus important peuvent faire appel aux conseils d’une équipe spécialisée en philanthropie, souligne Silvia Steisel de Banque Degroof Petercam. "Les clients voient les énormes défis auxquels notre société est confrontée et nous demandent de jouer le rôle de facilitateur dans le monde de la philanthropie qui leur est inconnu et quelque peu opaque."
"Avant de nous lancer nous nous sommes demandés s'il était légitime qu’un banquier joue le rôle de conseiller dans ce domaine explique Philippe Depoorter.Traditionnellement notre travail consiste à protéger et à faire croître le patrimoine de nos clients, pas à le dépenser. Malgré tout, nous pensons que notre rôle de personne de confiance pour la gestion des finances de nos clients nous donne cette légitimité. Il est souvent plus simple d’ajouter un volet philanthropique à cette relation que de tout réexpliquer à une tierce partie. Le projet philanthropique doit par ailleurs s’inscrire dans la gestion globale du patrimoine."
Profil
Dans une première phase et c’est le cas pour tous les conseillers on commence par dresser le profil du donateur. "La plupart du temps le client veut faire quelque chose mais il n’a que des idées vagues: l’éducation ou les soins de santé, explique Silvia Steisel. Nous allons plus loin : quels sont les objectifs, quels moyens le client souhaite-t-il investir?" Nous devons élargir la vision du client pour la restreindre à nouveau estime Philippe Depoorter. Souvent le choix se porte sur un thème lié à la situation personnelle du client Le soutien de la recherche médicale est un exemple typique. En particulier chez ceux qui se tournent vers la philanthropie parce que ils n’ont pas d’héritiers. Nous devons discuter de ce qu’ il adviendra de leur héritage. "C’est parfois très difficile car cela les confronte à leur propre finitude".
Lorsque les objectifs sont fixés, il faut concrétiser les dons et la manière dont les choses vont se dérouler. Silvia Steisel : « A ce moment-là nous faisons une étude de marché: qu'est ce qui existe déjà ? Qu’est ce qui n’a pas fonctionné dans le passé ? Quelles sont les solutions qui génèrent des résultats ? Existe-t-il d’autres besoins ?". Chez BNP Paribas Fortis aussi, les clients peuvent s’appuyer sur une vaste banque de données de projets disponibles." Les conseillers en connaissent les avantages et les inconvénients et peuvent aider les clients à faire leur choix. Saviez-vous par exemple qu’à l’Unicef l’argent qui n’est pas utilisé après un an par le département local est reversé à la maison mère ? Si vous voulez absolument que votre argent soit investi localement il est important de le savoir", explique Tine Bourgeois.
Tous les banquiers privés ne vont cependant pas aussi loin. A la Banque de Luxembourg, la philosophie est de ne pas franchir ce pas. "Nous ne nous prononçons pas sur la qualité d’une organisation par rapport à une autre et nous n'évaluons pas les projets. Nous estimons que ce n’est pas notre rôle."
Structuration
Le conseiller en philanthropie étudie ensuite avec son client la meilleure structure à mettre en place De nombreux clients choisissent de s’associer à une initiative existante. La collaboration et le travail en réseau sont plus courants qu’auparavant. Même si la première idée d’un client est de créer sa propre fondation ce n’est pas toujours la meilleure solution.
"Créer sa propre fondation est toujours possible", explique Tine Bourgeois."Mais ce n’est pas évident.Cela doit se faire devant notaire et ensuite il faut rendre des comptes chaque année. Si le client finit malgré tout par opter pour cette solution, la banque apporte son aide". Une solution "light" consiste à créer un fonds à son nom avec un objectif spécifique mais géré par des tiers. Dans notre pays, il s’agit la plupart du temps de la Fondation Roi Baudouin. "C’est très courant et il est possible de travailler avec la Fondation Roi Baudouin à partir de 75 000 euros, explique Tine Bourgeois. Il faut ensuite examiner si l’on souhaite un fonds à durée limitée (le capital est progressivement utilisé) ou un fonds à durée indéterminée (seuls les intérêts sont utilisés) et dans quelle mesure le client souhaite s’impliquer."
Les exemples de capitaux privés importants mobilisés au bénéfice de la philanthropie restent des exceptions. L’étendue des services proposés dépendra des sommes en jeu. Ceux qui souhaitent investir une seule fois de 75 000 à 100 000 euros obtiendront de l’aide pour définir leur objectif et pourront s’appuyer sur les connaissances de certains banquiers privés sur les organisations et les projets.
Impact
Dans le cas de projets plus poussés, la banque aide ses clients à en assurer le suivi. En 2017, un philanthrope veut savoir si son argent fait réellement la différence et s’assurer qu’il est investi de manière aussi efficace que possible. "Notre stratégie en matière d’investissements sociaux est identique à celle que nous appliquons pour l’ensemble du portefeuille", explique Silvia Steisel. "Les fonds sont structurés, gérés, optimisés et évalués chaque année. Ils reçoivent autant d’attention que le reste du patrimoine et parfois même davantage : nous constatons souvent que les clients s’intéressent davantage à ce qui leur tient à cœur et à ce qui compte le plus pour eux à long terme."
Actuellement les philanthropes attendent aussi de la transparence de la part des associations et des projets sur l’affectation des moyens et les résultats obtenus. Tine Bourgeois : "la philosophie de la philanthrope est aujourd’hui doing good and doing it better.L’exigence de transparence sur l’impact augmente de plus en plus. Le donateur souhaite savoir si son don a été efficace".
Du côté des bénéficiaires cela signifie qu'ils doivent désormais rendre des comptes et apprendre à dépasser leur réserve habituelle. "La transparence augmente, estime Tine Bourgeois. Certaines organisations travaillent déjà avec des objectifs clairement définis et assurent le suivi. Franchement, je pense que toutes les organisations devraient adopter cette façon de faire si elles souhaitent assurer leur pérennité."
Fortune familiale
Un groupe particulier de clients est constitué des grandes familles habituées de la philanthropie qui disposent souvent de leur propre fondation mais qui souhaitent revoir leur approche : sommes-nous encore sur la bonne voie ? Sommes-nous up to date et en accord avec les nouvelles façons de travailler ? Ces questions reviennent régulièrement sur le tapis lorsque la famille souhaite impliquer la nouvelle génération dans ses activités philanthropiques. La question se pose alors de savoir comment transmettre cet engagement aux enfants : faut-il leur confier un rôle dans la gestion de la fondation familiale ? Le fonctionnement ou la mission de la fondation privée doit-il être modifié pour être plus en adéquation avec les préoccupations de la jeune génération qui n’est généralement pas fan des « bonnes œuvres » de l’époque de papy ?
Les enquêtes démontrent que les jeunes sont en quête de nouvelles formes de philanthropie comme l’économie sociale ou les investissements à impact. Par exemple, la création d’une petite entreprise qui donne du travail à des personnes qui trouvent difficilement leur place sur le marché de l’emploi traditionnel et qui complète autant que possible les moyens de la fondation en générant ses propres revenus grâce à la fabrication d’un produit.
"Impliquer les enfants dans la philanthropie est une leçon de vie qui permet de leur montrer que la création de valeur ne se traduit pas nécessairement en espèces sonnantes et trébuchantes, poursuit Philippe Depoorter. Au même moment il faut se rendre compte qu’investir une partie du patrimoine familial dans la philanthropie n’est pas un geste anodin. Il faut être bien conscient - et prendre de préférence la décision ensemble - que l’on se sépare d’une partie de l’argent normalement destinée à la jeune génération. Une famille qui se lance dans la philanthropie doit prendre le temps de discuter de son approche et des objectifs du projet. Il n’est pas rare que ce processus prenne deux ans ou plus."
Ceux qui franchissent le pas en retirent beaucoup de satisfaction, souligne Tine Bourgeois. Nous avons des clients qui nous disent par exemple : "C’est le meilleur rendement que j’aie jamais obtenu de mon argent."
Source : dossier private banking l'Echo/De Tijd - 31 mai 2017